samedi 26 septembre 2009

Mon ami Albert.

Albert est grand. Albert est organisé. Il est tchèque. Ou bien autrichien. Enfin il est européen, c'est sûr. Ses origines sont un peu floues. Nimbées d'un parfum de mystère. Je ne connais ma foi pas son âge, mais il est assurément majeur. Du moins dans ce pays.

Albert, mon ami Albert, n'est pas imaginaire. Remarquez au passage la formidable aussi bien qu'inutile rime. Que de précautions! Albert est un supermarché.

Hier je suis allée faire des courses avec Marie, ma colocataire issue de Dijon, mais en export direct de Bretagne. Eh bien les supermarchés en Rép. Tchèque, c'est quelque chose. D'abord, le carrefour local s'appelle Albert. Mon Albert. C'est étrange tout de même. Je sais que Super U ou Mammouth (plus de T? moins de M?) c'est plutôt alternatif aussi, mais bon, celui-là, j'ai grandi avec, alors on oublie de questionner. Comme si le simple fait d'exister avant moi lui conférait une absolue supériorité sur moi que je ne saurais contester. Comme si le simple fait d'exister avant moi lui conférait une absolue supériorité sur moi que je ne saurais contester. Allez savoir pourquoi, les parents, ça ne marche jamais comme ça. En même temps, pour commencer à avoir l'idée de contester et de se rebeller contre un supermarché, il faut vraiment être désoeuvrée. Ou un peu jetée. Nos précieux géniteurs, au moins, ils réagissent eux. J'ai déjà essayé d'envoyer balader un supermarché, il ne répond pas. Même pas un "va dans ta chambre". L'insolence lui est indifférente. Seul le profit l'intéresse. Ouf, mes parents sont des humains. Mais une fois de plus, je m'égare.

Je disais que mon supermarché préféré répond au doux nom d'Albert. Albert, mon petit Albert, pour reprendre Anouilh. Comprenne qui pourra.
Albert est grand. La première fois que je suis allée à Albert, j'étais seule, perdue et abandonnée dans cette contrée barbare, en quête désespérée d'une brique de lait. Ayant entendu maintes fois par des étrangers dire qu'en France on ne buvait pas le bon lait, le bon lait étant le lait frais, l'idée me vient de mettre à profit mon séjour pour tester les excentricités locales. Du lait frais. Je n'en avais jamais goûté jusqu'à présent. Le lait de bufflone, pas de soucis. Vient même de me revenir un obscur souvenir d'une excursion de maternelle dans une ferme, où l'on m'a fait goûter du lait de chèvre tout frais trait. Hmm. C'est peut-être de là que vient mon aversion profonde pour les choses de la nature. Je vais écrire à Darcos. Quoique. Vu le grand plaisir avec lequel le gouvernement joue aux chaises musicales, ça ne doit plus être Darcos le ministre de l'Education nationale. Peu importe. L'Education Nationale m'a traumatisée. A moi la France!

Tout ça pour dire que le lait ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, et ce dans la version optimiste de l'expression.

Du lait de vache frais, étrange et émerveillement, non? Emplie de courage et d'audace, de ce courage et de cette audace qui n'appartiennent qu'à la jeunesse, je tente l'expérience. Ce n'est qu'une fois rentrée, et impatiente de déguster une gorgée de lait fermier tchèque, que je prends conscience de ma méprise. La jolie bouteille avec une jolie vache imprimée dessus, jolie vache qui broute de l'herbe très appétissante dans un joli champ tchèque, ne contient pas du lait, mais une sorte de compromis entre du yaourt acide et du petit lait, et définitivement incompatible avec du chocolat en poudre. Je vous assure, j'ai essayé, c'est pire que du Smecta.

Mais le lait n'est pas la seule aventure qu'Albert m'a réservée jusqu'à présent. Albert est grand, mais Albert est étrange. Par exemple, à Albert, vous ne trouverez pas de clous. Ni de marteau. Il vous propose un assortiment assez phénoménal de vis, de perceuses, de câbles électriques, et autres bidules servant à bricoler ou à construire des maisons, mais de simples, bêtes clous, vous pouvez toujours chercher. Ce que j'ai fait. Alors bon, évidemment, je ne connais pas le mot tchèque pour clou. Mais je sais me faire comprendre. Les employés (absents) du magasin, n'ont pas pu me renseigner. Au final, j'ai acheté des bouts de métal ressemblant à des rivets.

Mais, sans l'aide d'un marteau, ce n'est pas partie facile. J'ai d'abord essayé avec un objet contondant non identifié trouvé dans les affaires de mon futur colocataire russe. Sans succès. Je n'ai réussi qu'à faire un trou dans la peinture du mur. Puis, l'idée m'est venue d'utiliser une casserole. Je n'affabule pas, j'ai essayé avec une casserole. Mais cette fois non plus, le résultat n'était pas flagrant. J'ai agrandi les trous dans le mur, sans pourtant avoir enfoncé le maudit rivet dans le mur. Puis, mon colocataire actuel, un autrichien-grec, m'a suggéré d'utiliser une chaussure. Mais l'idée de taper comme une demeurée sur des rivets avec mes talons aiguilles m'a immédiatement apeurée. "Mais non, mais je parle d'une chaussure avec une semelle épaisse". Ah. Oui, mais je n'en ai pas. Au final, j'ai trouvé un morceau de caddie - oui, oui, un morceau de caddie, celui où on met la pièce pour le libérer - dans un placard chez moi. C'était parfait. J'ai enfin pu accrocher mes cadres. Le destin est parfois impénétrable.

Mais les clous et les marteaux ne sont pas les seuls produits introuvables dans ce pays. Les potatoes de McDo n'ont pas encore frayé leur chemin jusqu'ici ai-je ouï dire. De même, la patafix voit toute sa glorieuse existence à l'étranger remise en question par sa totale absence des papeteries tchèques. Ma colocataire, bretonne, quant à elle, ne se lasse pas de râler. Il n'y a pas de farine de sarrasin ici. Comment faire les crêpes sans farine de sarrasin?! A propos de la farine, d'ailleurs, il y a ici une variété surprenante de farines. Vous aviez déjà vu de la farine en grains vous? Moi non. Mais il m'a quand même fallu quatre essais pour trouver la bonne farine, celle en poudre. Et les éponges ici. Un drame national.

Mon ami Albert est bien achalandé. Mais mon ami Albert n'est pas tout à fait complet, du moins pour un caddie français. Heureusement qu'il y a mon ami suédois, heureusement qu'il y a Ikea.




Comme je ne vais pas vous montrer des photos de mon supermarché préféré, voici un petit aperçu de ce qu'on peut voir si on se balade à pied à Prague, tout à fait au hasard, au détour heureux d'une rue, au coin d'une avenue, en levant un œil, en tournant la tête...



Détail d'un immeuble sur Masarykovo nábřeží (le quai Masaryk).



Národní Divadlo, le théâtre national.



Vue de Prague depuis la colline de Letna, où se tenait l'immense Statue de Staline avant qu'elle ne soit détruite en 1962 lors de la déstalinisation.



Un immeuble, je ne sais pas lequel, je ne sais plus où. Il doit être entre Národní třida (avenue nationale) et Žofín (une petite île sur la Vlatava où est la gallerie MANES). A moins qu'il ne soit sur vers Karlovo náměstí (Place Charles). Peu importe. Je l'aime bien.

jeudi 17 septembre 2009

Pražský hrad

Au passage, deux prises de vues du magnifique château de Prague et de sa cathédrale, Saint-Guy... La Vltava en moins, on a la même vue du haut des bâtiment de mon université.




Et promis, je vais bientôt aller faire du pédalo sur la Vltava, surtout celui en forme de cygne...
Hubert B. de la B. serait fier de moi...

mercredi 16 septembre 2009

Et pourtant, le monde tourne.

Déjà, désolée. Mais je n'ai tellement rien fait depuis quelques mois, que d'un coup, avoir des obligations, des papiers à régler, ou des choses à repérer, eh bien je suis un peu over-occupée. Et en tous cas bien crevée à la fin de la journée. Je ne vais pas me plaindre, j'adore ce rythme. Il me faut juste quelques jours pour m'adapter. M'adapter à quoi? Mais à ma rentrée!

Eh oui, lundi, j'effectuais ma rentrée à l'Université d'Economie de Prague, la Vysoká škola ekonomická v Praze, ou encore VŠE. Cette semaine a commencé l'Orientation Week, ou semaine d'intégration pour les étudiants Erasmus en échange à VŠE. Il faut donc que je vous raconte ça.

Donc lundi matin, rendez-vous à 9h30 dans les locaux de l'université avec mes amies de Dijon - oui oui on se déplace en bande par ici - pour commencer toutes les formalités d'arrivée. Rendez-vous 9h30, je pars donc vers 8h45. Je me dis "c'est bon, je suis large. Je ne serais pas en retard, de toutes façons j'ai repéré l'arrêt de tram". Première erreur.

Je suis bien partie de chez moi à temps pour prendre mon bus. Sauf que le bus était en avance, et que j'étais encore à 75 m de l'arrêt lorsqu'il m'a croisé. J'ai toutefois réussi, à grands renforts de mouvements de bras et grimaces de panique, à le faire arrêter en plein milieu de la rue pour pouvoir y monter. Premier obstacle franchi.

Le trajet suivant se déroule sans anicroches. Je m'arrête à la bonne station, prends le tram idoine, et une fois de plus, descend au bon arrêt. Mais là, je comprends que j'ai commis ma deuxième erreur avant même la première. Je n'ai pas vérifié quoi faire une fois descendue du tram. Je suis donc là, sous la pluie, en jupette -parce que oui, comme atmosphère de rentrée, le climat local fait très fort, froid, pluie, vent, la totale - a me peler grave, et totalement perdue, à ne pas savoir où aller. En même temps, une université c'est grand, et à Dijon, le bus s'arrête juste devant, alors je n'ai pas jugé utile de devoir vérifier mon trajet piéton post-tram. Toujours est-il que je suis là, paumée, en plein milieu de la rue, à chercher mon chemin tant bien que mal. J'essaye 100 m vers l'Est, puis revient 50 m en arrière, j'essaye l'autre côté de la rue. Rien n'y fait. Pas d'université en vue. En plus, le temps tourne, je suis désormais en retard pour mon rendez-vous. Pas grave.

Objectif survie 1: trouver université. J'appelle alors ma colocataire, restée à la maison avec internet, qu'elle m'indique le chemin. Malheureusement, elle en est incapable, et ne trouve pas l'université. "Merde, je suis inscrite à une université fantôme." Balayant rapidement cette pensée de mon esprit, je le retrouve, et pense aller demander à un commerçant. Pas de bol, je tombe sur un asiatique qui ne parle pas tchèque. Comme moi non plus ça pourrait aller vous me direz, sauf qu'il ne parle pas anglais non plus. Bon. Je tente le coup, non sans avoir attendu que le jeune achetant un soda soit parti, si ça se trouve, c'est un futur camarade de classe. Autant éviter les situations embarrassantes pour le moment. L'asiatique ne semble pas comprendre le terme "univerzita". Il me regarde avec le sourire typique du type qui comprend pas et s'en fout un peu, sans pourtant être méchant. Une sorte de Tike-tike indien version Tchéquie. Étrange.

Déçue par cette tentative avortée, je reprends mon chemin, et me rends petit à petit compte qu'une certaine frange des passants se dirige vers un parc. Je me mets dans l'idée de suivre ces jeunes, et là, miracle, mon université apparaît, immense et sereine, derrière les arbres couverts d'eau de pluie. Il est 9h55.

Arrivée à l'intérieur, je me perds une fois de plus, un vieux gardien essaye de m'aider, me demande ce que je cherche. Très bonne question. Je ne sais même pas ce que je cherche. Je suis là. On m'a dit de venir, je suis venue. Mais maintenant, je fais quoi? J'avance, suivant à l'oreille les supposés étudiants Erasmus. En effet, l'allemand ou les langues incompréhensibles sont fortement utilisés dans certains groupes, autant suivre. J'arrive dans un nouveau bâtiment, le Rajská Budova. Comment, le bâtiment des tomates? Soit. Ce n'est qu'à la fin de la journée que j'apprends qu'il s'agit en fait du bâtiment du paradis. Je pense toutefois que cela restera toujours le bâtiment des tomates pour moi.

Dans une file d'attente, j'entends parler français. Je me précipite sur les deux pauvres étudiants, qui ne comprennent guère ce qui leur arrive. "Ah, vous êtes français! Vous savez ce qu'on doit faire? Où on doit aller? Dans quel ordre? C'est où les ascenseurs? Et les toilettes?". Je suis une personne très organisée...

Je vous passe les détails administratifs inutiles. Pour faire court, j'ai attendu 25 minutes devant une porte pour finalement me faire dire que j'attendais devant la mauvaise porte. Ensuite, j'ai payé une carte, puis encore payé une autre carte, puis attendu de nouveau, près de 2h30 - non, je vous assure, montre en main, plus de 2h30 d'attente - pour récupérer ma carte étudiant tchèque. Oui!! J'ai ma carte étudiant tchèque!! Je l'ai méritée, c'est sûr, mais je vais enfin avoir accès à toutes les réductions étudiantes de République Tchèque. Car ici, les réductions étudiantes ne sont que pour les étudiants tchèques. Même les cartes étudiants International, ISIC, ne sert à rien. C'est quelque peu pénible, vous en conviendrez.

Le point positif de la queue, c'est que j'y ai rencontré un bon nombre d'étudiants Erasmus. J'ai donc rencontré dans l'ordre un portugais, un suédois, deux tchèques, deux néo-zélandais, une tchèque, encore une suédoise et un tchèque, et une flamande. En ajoutant les autres rencontrés dans la journée (je ne comptabilise que ceux dont je me rappelle le nom), soit un italien, un hollandais et une sud-coréenne, le total de la journée est plutôt intéressant!

En fin de compte, après les longues heures de papiers et de queue, nous sommes tous allés boire une bière dans un pub pas loin du campus. Ça s'annonce plutôt bien ce semestre. Ah oui, parce que la plupart d'entre eux ne restent qu'un semestre. Il n'y a que les français qui restent si longtemps.

C'est tout de même étrange. Durant l'été, lorsqu'on ne fait rien, je veux dire, qu'on ne travaille pas, ne voit pas régulièrement des amis, ou simplement qu'on ne lit pas les journaux, c'est comme si le monde s'arrêtait de tourner. Qu'il se mettait en pause estivale. On se lève tard, on se balade dans les rues, ou bien on reste chez soi, pour vivre à son rythme durant quelque temps. C'est vraiment comme si le monde sérieux cessait d'exister. Et puis un jour arrive la rentrée, de nouveau, on doit se lever plut tôt, affronter la foule qui se presse dans les transports, les Escalators. On arrive même à trouver un exemplaire ou deux de journaux gratuits distribués dans le métro. On rencontre de nouvelles personnes, on met en place une nouvelle routine, et puis finalement, on s'en rend compte à la fin de la journée, que le monde n'avait jamais cessé de tourner.


Pas encore de photos correctes de mon université, mais promis! Ca arrive! En attendant: http://www.vse.cz/

vendredi 11 septembre 2009

Chronique métropolitaine

Dans le métro, on voit de tout. Par exemple, la dernière fois, assis de l'autre côté du wagon, il y avait le père du dernier personnage principal du film Taxidermie. Un film hongrois primé à je ne sais quel festival centre-européen. En tous cas, si je peux me permettre, si par le plus grand des hasards un jour, vous avez l'occasion d'aller le voir, surtout, restez chez vous. Je ne suis pas (plus) particulièrement sensible, je supporte bien la vue du sang et une opération filmée ne me fait plus peur. Avant, la simple vue du machin pointu du moustique (sa trompe? son aiguille?) rentrant dans la peau humaine me faisait pâlir. C'est dire si j'ai fait du chemin. Et tout ça grâce à un entraînement intensif. Grey's anatomy en perfusion, Tarantino en boucle, et opérations domestiques à coeur ouvert sur courgettes. Je ne suis plus sensible. Mais là, honnêtement, ça dépasse l'entendement. Une horreur. Le pire, c'est que ce n'est pas une horreur de série B, genre Massacre à la tronçonneuse 5. Non, si ce film n'était pas si horrible, il serait génial. En fait, c'est du gore intellectuel. Les Hongrois ont inventé le gore intellectuel combiné au gore visuel et sonore. Très forts. La Hongrie peut être fière! Veuillez excuser cet intermède critique obscure de film inconnu, mais j'avais ça sur le cœur depuis un moment, fallait que ça sorte...



Bien. Dans le métro, on voit de tout. On rencontre tout et n'importe quoi. Comme c'est la première fois que je prends les transports aussi régulièrement - mon premier pass transports à 18 ans, j'ai vraiment été choyée... - ça m'amuse vraiment beaucoup. Encore en tous cas. Alors, je prends un malin plaisir à regarder les gens. A les détailler. Des fois, comme je n'ai rien à faire de mes journées, je pars prendre le métro, juste histoire de voir des gens. De les inspecter. Je fais semblant d'avoir une course à faire, ou alors je me persuade d'avoir une course à faire, mais une course inutile, comme un pot de crème fraîche. De toutes façons les gens ne vous regardent pas dans le métro. Ils le savent, eux, que c'est interdit. Qu'on n'est pas censés se regarder dans le métro. L'individu de sexe masculin et de nationalité indéterminée dans la séquence de Paris je t'aime réalisée par les frères Coen, pourtant prévenu par son guide, l'apprend à ses dépens.

Ne pas fixer les autochtones dans le métro.

Mais c'est vraiment intéressant. Alors parfois, au péril de ma vie, je me hasarde à observer quelque peu la faune métropolitaine dont je fais désormais partie. J'essaye de comprendre mes congénères. Je commence par choisir une cible. Mais il faut faire vite, car s'attarder à choisir une cible, et donc un point d'observation, est suspect. Le gibier risque de s'enfuir apeuré. Ce repérage est primordial. un mauvais choix, une erreur d'appréciation de la distance qu'il reste à parcourir au sujet, un angle mort dans mon champ de vision, et le trajet est inutile. Perdu. Une fois le poisson appâté, il s'agit de l'observer discrètement. Nous ne voulons pas d'esclandre, nous sommes respectables que diable. Nous ne faisons que regarder. Presque pas juger. Le but du jeu est alors de deviner l'âge (facile), le sexe - pas toujours si évident que ça, croyez-moi, il y a de ces spécimens - le métier, et tout plein de petits détails ridicules, comme "ah, tiens, celui-ci à trois boucles d'oreilles à l'oreille droite et seulement deux à la gauche", ou encore "tiens, celle-ci se ronge les ongles". Passionnant vous disais-je! Faut bien s'occuper dans le métro, surtout lorsque je me plante en prenant un bouquin, et que je prends Nietzsche - l'espoir, toujours l'espoir d'un jour le finir, seul l'espoir me maintient ici - à la place de Murakami. Ça c'est vraiment la connerie à ne pas faire... Vous imaginez, coincée dans le métro, avec Nietzsche pour seul compagnon? Il y a de quoi se prendre pour Anna Karénine. Ou Jamel Debouzze. Faut voir.

Même sur un plan sociologique - Hmm. Sciences po déteint plus sur moi que je ne veux bien l'accepter- Enfin. C'est tout à fait passionnant. Vraiment. L'autre jour, par exemple, je me suis assise en face d'un croisement entre Mireille Mathieu et Chantal Thomas, au format au-dessus. Elle a ronflé durant tout le trajet. La grande classe. Et puis une autre fois, j'ai croisé un saxophoniste, qui rentrait de répétition. Des fois aussi, c'est moi qui me fait avoir. Forcément, je peux pas toujours gagner à ce jeu-là. L'autre jour, alors que je rentrais d'une crise shopping, les bras chargés de sacs en tous genres, je m'assieds à côté d'un vieux couple. Le monsieur, apparemment très amusé par un bateau en papier plié coincé dans la fenêtre, me le montre. Il continue en commentant. Diable. Après quoi, trois semaines ici, mon tchèque ne s'améliore toujours pas. Je ne comprends toujours pas un traître mot de tchèque dès lors que cela sort des sentiers battus "Je m'appelle anaïs", "Je suis française" et "Combien ça coûte?". Diantre. La honte va s'abattre sur moi et ma famille. Oh! Et puis il y a Eux.

Eux.

Si vous saviez. Ils sont incroyables. Qu'il pleuve, vente, ou fasse soleil, jamais Ils ne changent. Imperturbables, Immortels parmi les mortels, Ils se mêlent à nos vies, à nos trajets quotidiens. Dans quel but? Personne ne sait. C'est un des grands mystères de notre civilisation, au même titre que les pyramides ou les élections américaines. Leur déguisement est bon, leur couverture presque parfaite. Seul un œil aiguisé, formé à l'observation peut encore les remarquer. Un détail, tout à fait caractéristique, permet de les repérer.

L'association douteuse sandales de marche et chaussettes blanches.

Ici à Prague, c'est toute une armée de ces individus qui hante le métro, foule les pavés centenaires de la ville. D'année en année, ils paraissent se multiplier, dans un dessein aussi obscur qu'inquiétant. En effet, on peut légitimement se demander où sont les autorités régulatrices de la mode? Il semble malheureusement que ces institutions, pourtant particulièrement efficaces en Espagne, au Danemark, en Italie, et dans la région parisienne, soient tout à fait absentes de ce pays. Comme si le régime communiste n'était toujours pas tombé, et que le libre-échange inter-européen n'était qu'une chimère, une utopie lointaine.

Bah, que voulez-vous... Au moins, cet hiver, je me sentirais à ma place lorsque je porterais mon énorme autant qu'affreuse doudoune conçue pour la Sibérie.


Évidemment, la photo n'est pas de moi. Si j'ai le courage et l'audace de fixer les badauds dans le métro, je n'en suis pas encore à le photographier, et encore moins leurs pieds... Merci donc à internet pour la photo.

jeudi 10 septembre 2009

Pas de House au Thomayer

Bon, on va pas en faire tout un fromage pané, si? J'ai cru que j'avais l'appendicite. Les médecins aussi d'ailleurs, ils n'en menaient pas large. De façon générale, je crois avoir l'appendicite au moins une fois tous les deux mois... Mais bon, là, toute seule à Wisteria Ulice (rue en cz), avec un mal de bide à vous clouer au lit toute la journée, et même s'il n'en faut pas tant pour me persuader de rester tranquillement à ne rien faire dans mon lit, j'ai quand même commencé à me poser des questions. Et puis, j'avais un précédent récent dans la famille. Que dis-je, deux! Alors au bout d'un moment, on a envie de tester les services médicaux locaux. Je me suis donc acquittée de ma tâche très consciencieusement.



J'ai d'abord tenté de joindre un médecin. Mais impossible ne serait-ce que de parler à une secrétaire dans une langue intelligible. J'ai pourtant essayé, anglais, français, espagnol, rien à faire. J'étais coincée. Je devais parler tchèque. D'un coup, tout s'est mélangé dans ma tête. Mes déclinaisons tchèques sont allées faire un tour avec mon vocabulaire espagnol, au fin fond de mon hypothalamus, loin de l'aire maîtrisant le flot de mes paroles, pendant que je tentais de trouver l'équivalent tchèque de "appendicite". Déjà je ne remettais pas ce terme médico-vaudou en anglais, alors en tchèque... Prise de panique, d'un coup la solution m'apparaît claire comme de l'eau gazeuse. Le 112. Non, pas les anciens renseignements français. Vo us savez qu'on est passé au privé, la vieille pub pas kitsch du tout, genre 118 ... avec astérix et un des bronzés re-décorés aux couleurs de la Pologne. Non, je parlais du numéro européen d'assistance secours. Le 112. Elle est pas forte l'Europe? Perso, je suis fan... Entre Erasmus, le 112 et la régulation des prix des appels inter-européens, l'UE est mon nouveau gourou. Ma nouvelle religion.

Je prends donc mon téléphone, compose le 112 - appel gratuit depuis toute l'Europe depuis n'importe quel téléphone, je précise, il faut que ça se sache! . Une voix féminine répond en tchèque. Merde. "Mluvíte anglický prosím?" Considérant l'espoir que je mets dans ma voix lorsque je demande à l'opératrice si elle parle anglais, c'est avec un réel élan de sympathie pour le genre humain tout entier que j'accueille sa réponse "What is your problem?".
Quelques palabres sans importance plus tard, elle m'informe qu'on viendra me chercher quinze minutes plus tard. Les évènements prennent une tournure inquiétante me dis -je.

20 minutes après, une ambulance arrive. J'ai pas l'air con. Une fois de plus. Pas la dernière non plus, croyez-moi, je suis très forte. Rendez-vous compte. Ma rue, c'est le Kosovo comme aimait à le répéter l'ancien locataire de chambre. C'est tombouctou (pardon muriel), pétaouchnok, enfin un trou quoi. L'arrivée de cette ambulance, pour une fille qui était dans le pays depuis à peine une semaine, c'est mieux que les telenovelas pour les commères du village. Un équivalent de tchernobyl sur la vie sociale du quartier. En intensité évidemment, pas en répercussions sur la faune et la flore.


Donc, une fois installée à l'arrière de l'ambulance - dieu merci, on m'a épargné la civière - les deux ambulanciers mettent les gaz et allument le gyrophare. D'un coup, un énorme rocher me tombe dessus. Comme dans Bip et le Coyotte. Ca fait mal, mais on finit par s'en relever. Je suis écrasée par un sentiment d'éxagéré et de honte. Quel besoin y avait-il de mettre le gyrophare, franchement? Les ambulanciers s'ennuyaient un peu, alors pourquoi pas s'amuser à griller quelques feux rouges? A moins que ce ne soit exprès pour décourager toute prochaine tentative d'attirer l'attention sur moi et mon appendicite fantôme. Je ne peux encore vous dire si cela a marché. Donc, je suis dans l'ambulance, qui couine à tout va. C'est gênant. Et puis au bout de cinq-dix minutes, mon âme de petit garçon se réveille, et je trouve ça très rigolo. Ma première virée en voiture qui couine! Même si je suis contente que les vitres soient opaques, et que les automobilistes alentour ne puissent me voir. Mais c'est vraiment amusant. Après, c'est l'arrivée à l'hôpital, examens, je vous épargne les épisodes gores (prises de sang à tout va etc...).


Bon. Là c'est quand même la désillusion. Les séries tv hospitalières ne sont vraiment pas réalistes. En tous cas, pas du point de vue du patient. Certes, je ne m'attendais pas à tomber sur Dr. House, encore moins sur Shepard (Derek pour les intimes) ou Clooney. Mais tout de même. Hôpital universitaire, donc j'accepte que tout ce qui me concerne soit utilisé pour les internes... Et puis la célioscopie - quand on est une grande traumatisée de l'appendicite - ils connaissent pas. En tous cas ne pratiquent pas...



Oh et puis, dans les séries tv, vous savez, tous les patients sont en chambres individuelles. Pas au Thomayer. Comme je suis censée passer la nuit en observation à l'hôpital...Chambre de quatre, deux lits déjà occupés. Pourquoi pas. Et puis en fait, non. Surtout quand la vieille dame qui occupe le lit d'en face préfère se parler seule à très haute voix la nuit, se racontant à quel point elle est seule, et comment son fils l'a laissée à l'hôpital sans venir la voir. Parce que ça, en tchèque, j'ai compris... Donc une nuit particulièrement reposante. La prochaine fois, plutôt crever d'une péritonite...

A la sortie, j'ai évidemment eu droit à la note. Je m'attendais à devoir tout avancer, pour me faire rembourser un jour peut être par la sécu française, mais oh surprise! Ayant pris soin de récupérer le fameux formulaire E 111 - celui après lequel Romain Duris court durant au moins 10 minutes de l'Auberge espagnole -, sous forme désormais de la carte d'assurance maladie européenne, je n'ai eu à payer que 60 Kč, soit moins de 3€. Merci l'Europe! Donc si vous voyagez en Europe, pensez à aller demander cette carte gratuite à votre organisme de sécurité sociale deux semaines avant le départ...

Pour l'anecdote locale, cette franchise de 60 Kč est récente. En effet, durant l'ère communiste, le système de santé était totalement gratuit. Ainsi, d'après mon ami tchèque précedemment cité, la crise gouvernementale qui a eu lieu au printemps dernier, lors de la présidence tchèque de l'UE, - crise qui a mené à la chute du gouvernement de Topolanek - a été influencée dans une large mesure par ces 60 Kč. Les socialistes, menés par Paroubek, ont ainsi fait campagne contre le gouvernement en place sur ce thème... Ce sont 60 Kč qui ont fait tomber le gouvernement!

Maintenant, le pays attend toujours de nouvelles élections. D'où le meeting des verts le dimanche 6 septembre. Mais les élections risquent fort d'être repoussées, en raison d'un imbroglio juridico-constitutionnel particulièrement alambiqué... Mais c'est pour plus tard.

Au final, "nic zvláštního se nestalo", pour paraphraser Chinaski. Rien de spécial n'est arrivé, tout va bien. Je vais pouvoir continuer, la veille de chaque examen non préparé, de chaque cours redouté, à tenter de déclencher une crise d'appendicite pour échapper à la fatalité...

En attendant, à la prochaine alerte à l'appendicite, je me laisse mourir d'une péritonite plutôt que de réitérer tout ce bintz...


Oh et puis un peu de rock-pop tchèque pour la route: Chinaski, avec Laskopad - jeu de mots entre laska, amour, et listopad, novembre -.



Ps: Toute version divergente de la présente est priée d'être gardée pour soi. Dans le cas contraire, l'auteur se verra dans l'obligation de censurer les ajouts intempestifs. Personne n'a dit que c'était la démocratie ici. Merci.

mardi 8 septembre 2009

Des effets de la banlieue sur les jeunes filles exilées.

Comme j'ai fini de me plaindre du froid et de la banlieue et de mon temps de trajet, j'en profite pour vous montrer un peu mon cadre de vie. Les champs constituent en fait la majeure partie de ma rue, Musilová, et je passe devant le lac au minimum deux fois par jour, puisqu'il est sur le chemin me menant à mon bus! Ô joie des transports en commun.



En revanche, même moi qui franchement ne raffole pas de la nature et de ses paysages pathétiquement bucoliques, ne peux m'empêcher d'apprécier le spectacle. Surtout qu'il paraît qu'en hiver, le lac gèle, et qu'on peut faire du patin à glace dessus! Bon, vous vous en doutez, moi et le patin, c'est comme les épinards, ça fait deux. En même temps, quand on a vécu toute sa vie dans des pays chauds, je peux pas trop me plaindre non plus. Je suis sûre que les tchèques sont de très mauvais surfeurs. Réflexion faite moi aussi, mais là, ça ne compte pas.

Bref.

Depuis ma fenêtre, j'ai une super vue sur la rue. Ne soyez pas jaloux -pas encore - je n'ai pas vue sur le lac, ou quelque autre site naturel portant à l'introspection. Non. J'ai mieux. Commencez à me jalouser. J'ai vue sur la maison des voisins, leur jardin, la fenêtre du salon, la piscine, bien que hors service vu les températures, et le garage. Mais j'ai également, et là ça devient presque intenable de suspense, vue sur presque toute la rue ainsi que les perpendiculaires. Alors comme je n'ai rien à faire, et bien je regarde la rue. Je zieute grave. Enfin, les gens, les passants, les voitures, les ouvriers, les pères de famille, les ado skatteurs. La diversité qu'il peut y avoir! J'en suis toute retournée!

Le matin, vers 8h30, c'est Mr-Qui-éternue-si-fort-en-face-que-je-l'entend-les-fenêtres-fermées, qui part au travail dans sa Škoda bleu clair. Ensuite, Mme Bouledogue promène son chien, sakatoutou à la main. Le soir, c'est Mr. Husky qui promène son chien, vers 17h45. Il esr presque obligé de courir derrière médor. Mme bouledogue fait son deuxième trajet vers 8h, gants aux mains et sabots aux pieds. Oh et tous les mardis, la famille vietnamienne - c'est hallucinant, ils ont tout un jardin japonais à la place de leur jardin: petite rivière, petit pont, gros bonzaïs et mini-temple des ancêtres, je vous assure, c'est tout à fait surprenant - organise une petite garden-party pour fêter je ne sais pas encore quoi. Dès que je le sais, je vous préviens. Sans oublier Hagrid, l'assistant de ma propriétaire - elle gère une sorte d'agence touristique pour enfants - un ancien biker à n'en pas douter, moustache qui n'a rien a envier à celle de "big moustache" dans La Grande Vadrouille, et l'immense catogan grisâtre qui va avec, et sa voiture de collection. Une sorte de buffle à roues. que dis-je, un bison motorisé, droit venu des States. Même Elton John ou un fan du King ne la conduirait pas.



Mme Labrador et son mari sont passés, je peux décemment aller me coucher. Un moustique suicidaire vient de se poser sur ma main, alors même que je vous écris. Fou. Le moustique n'est plus. Bien fait.




Mon petit lac, où je vais joyeusement me démettre une hanche l'hiver prochain, perchée sur mes patins à glace...

lundi 7 septembre 2009

Des verts et un pas mûr...



C'est étrange. Je suis arrivée à Prague le 23 août. Il faisait beau et chaud. Jusqu'au 31 août, il a fait beau et chaud. Depuis le 1er septembre, il fait froid et moche. Coïncidence ? Certainement pas. Durant mes deux années à Dijon, où j'ai dû affronter un froid particulièrement rigoureux l'hiver, la perspective de passer un an climatique en Rep. Tchèque - à l'EST que diable! en termes de températures du moins, on ne va pas revenir sur l'éternel débat - me glaçait le sang d'avance. Et voilà, ça y est, pulls, écharpes et chaussettes. J'ai limite envie de sortir les gants... En tous cas, il fait froid et il fait moche. D'où ciel pourri.

Devant cette brusque baisse des températures, j'ai quand même bien envie de poser la petite question aussi évidente qu'inutile. Veuillez m'excuser, je ne peux y résister, même si je pèche par mauvais goût. Mais vous savez bien, c'est toujours la même rengaine. L'interdit donne envie. C'est comme les bulles dans le chocolat, c'est pas bien, mais c'est tellement bon. Oh, et puis vous savez, lorsqu'il ne reste presque plus rien à boire au fond du verre, juste quelques larmes d'un jus de fruits ou d'un soda qu'on n'apprécie même pas forcément plus que ça, et que soudain, le verre dans une main, la paille dans l'autre, l'idée terrible d'aspirer ces quelques gouttelettes, au mépris total de toute notre éducation et savoir-vivre se fait absolument irrésistible, et que finalement, on (je? seulement je ?) cède. Ah! L'air con que je (nous? s'il-vous-plaît, dites-moi Oui! nous!) peux avoir dans le métro à siroter la fin de mon café frappé à la paille, à grands renforts de "sluuurp"s tout à fait incommodants pour les autres passagers.. Mais en fait, ils n'existent pas... mais ça, c'est une autre histoire. Mais pardonnez-moi, je perds quelque peu le fil de ma pensée initiale. Je parlais du froid.

Donc, tout ça pour expliquer, et non pas justifier, ça n'a rien de justifiable, je le reconnais, ma question:

Mais il est où le réchauffement climatique grands dieux?!

Pas en Rep. Tchèque, ça, je vous l'assure!

En effet, la Rép. Tchèque semble être victime d'un curieux phénomène : il n'y a pas de réchauffement climatique dans ce pays! En tous cas, présidentiellement parlant. A l'ère d'Obama et des USA qui commencent enfin à envisager de lutter contre le global warming & Cie, et alors que tous les autres dirigeants de la planète (ou presque, je n'ai pas vérifié...) acceptent l'idée d'une réduction des gaz à effet de serre, sans pourtant bouger le tout petit orteil, Vaclav Klaus, président élu de la République Tchèque, a trouvé la parade absolue, la défense ultime qui lui permet de ne rien faire en toute bonne conscience.
Vaclav Klaus, prononcez [Vatslave Claosse], ne croit tout simplement pas au réchauffement climatique. Très fort, n'est-ce pas! Il estime ainsi que la "menace hypothétique liée à un futur réchauffement climatique dépend exclusivement de prévisions très spéculatives". Je ne vais pas vous faire un historique complet de la relation Klaus-Klimat, mais si cela vous intéresse, allez jetez un coup d'oeil au discours qu'il a prononcé lors de la réunion de l'ONU sur le climat de septembre 2007. C'est édifiant.


Fort heureusement, il y a des verts en Rep. Tchèque. Ainsi, hier après-midi, accompagnant un ami tchèque à un meeting des verts sur la Kampa, une petite île-jardin du côté de Malá Straná, nous avons pu assister à une rencontre entre Ondřej Liška, actuel tête de liste du parti vert, Strana Zelenych, ancien ministre de l'éducation (tout juste 30 ans!) et Daniel Cohn-Bendit, venu rencontrer Klaus, avec une délégation de verts européens. Plus d'infos. Pas énormément de monde à ce meeting, quelques fumeurs de chichas et buveurs de thés en tous genres, des enfants jouant sur la pelouse, sans oublier les bénévoles distribuant badges et flyers. J'hésite encore quant au sticker. Mais où le coller ?! je n'ai pas de voiture, ni de vélo, même pas une paire de patins à glace (plus répandus apparemment que les rollers..). Peut-être devrais-je subrepticement le coller sur un wagon dans le métro, ou sur un bus! Ah... le green-vandalisme! Klaus ne doit pas connaître...




En attendant, j'ai toujours aussi froid... Je ne me résous pas à allumer le chauffage - enfin UN des deux chauffages présents dans ma chambre, puisque apparemment, un seul ne suffit pas à nous éviter la mort par congelation durant les longues nuits hivernales- pas encore. Ce serait abdiquer, accepter que l'hiver arrive à grands pas. Je ne peux pas. Je préfère encore avoir froid. Peut être que si je fermais la fenêtre ça irait déjà mieux...

samedi 5 septembre 2009

La solitude a un goût de fromage pané froid...

Tôt ce matin, très tôt, bravant la pluie, la houle, le froid et la fatigue, je suis allée faire un tour au marché aux puces de Kolbenová. Lever à 7h45, appareillage à 8h19, bus à 8h22, et ensuite métro B direction Černý most. Accostage à 9h07. Tourner à tribord (droite), et suivre la foule des badauds ( ne pas suivre mon exemple et barrer en solitaire à gauche à bâbord) qui se presse en direction du marché. La douane est de 20 Kč ou bien 1 €. Le marché est ouvert de 7h à 14h il me semble.

Le marché est composé à l'entrée de rangées de petits commerçants vendant des denrées alimentaires à très bas prix (le gros pot de 750g de Nutella est à moins de 80 Kč soit autour de 3€, bien moins cher qu'en supermarché), comme les soupes, sauces, nouilles, et autres substances en sachet - j'ai d'ailleurs l'impression qu'il y a une sorte de concours national, à qui réussira à mettre le plus d'aliments possibles en sachet sous forme déshydratée. Mais on trouve aussi des fruits et légumes, des œufs, ou encore du fromage ou des saucisses et de la viande sèche comme fraîche.

Une fois passée la partie alimentaire, on arrive au quartier des DVDs. En quittant le Maroc je pensais quitter pour de bon les mini-Fnac en plein marché. Et bien non! Les revoilà! Certes, il n'y a pas un très grand choix, entre les films d'action tchèques en tchèque sous-titrés en tchèque ou en polonais, et les films pour adultes, mais parfois on peut tomber, en fouillant bien, sur une production américaine ou tchèque de qualité, et ce n'est vraiment pas cher, entre 20 et 40 Kč , soit entre 1 et 1,5€ . Il faut juste s'armer de patience...

Après les DVDs viennent les armes, l'électronique, les produits de beauté (douteux parfois d'ailleurs), les pneus de voiture. Là, honnêtement, je n'ai pas regardé... Mais après, viennent des stands plus intéressants, ceux des semi-antiquités, des montres made in USSR, de vieux appareils photos ainsi que tout un assortiment d'objets hétéroclites dans lequel il est ma foi bien agréable de fouiller.

Ainsi, j'ai réussi à harponner quelques photos et cartes postales d'avant 1940, quelques couverts (veuillez excuser cet intermède domestique, mais manger à quatre avec trois fourchettes version trident, ça va bien 5 min, après c'est lourd), ainsi que de drôles de pots en verre pour chimistes, ornés de latin. Oh et puis quelques barres de chocolat noir discount... On ne se refait décidément pas...


Avant de quitter le marché, j'ai voulu tester une des baraques à snack qui ne désemplissaient pas. J'ai ainsi pu voir des tchèques, la cinquantaine, commander et boire des shots de becherovka à 11h30 du matin, les voir descendre des demi-litres de bière pour accompagner saucisses grillées, galettes de pommes de terre, et frites.

Rien de très inhabituel. J'ai pour ma part expérimenté le fameux smážený sýr, ou fromage pané, dont tout le monde parle. Depuis deux ans que j'étudie le tchèque, ce plat représentait une sorte de cauchemard, le plat à ne surtout jamais commander mon année à Prague venue. J'ai surmonté ma peur et mon dégoût. J'ai mangé du fromage pané. Je l'ai gardé au fond de mon estomac. Mais franchement, ça ne gagne pas à être connu...

Je ferais sûrement une seconde tentative dans un véritable restaurant, après tout, c'était dans une baraque à frites -même si j'ai tendance à penser que la nourriture qui y est servie y est bien servie. Igor et Jarsolav semblaient penser de même. En effet, alors que j'essayais de manger malgré le vent, qui faisait voler frites et salade, les deux tchèques sont arrivés et ont tenu le parasol sous lequel je tentais avec peu de succès de m'abriter. J'en ai profité pour prendre cette photo de mon délicieux déjeuner. Ce qui les a fait beaucoup rire. "Mais je suis française! C'est nouveau tout ça pour moi, alors je prends des photos pour pouvoir raconter" tentais-je de leur expliquer dans un tchèque très aléatoire. S'est ensuivie une conversation en tchèque, très loquace du côté de mes interlocuteurs, un peu plus perplexe et remplie de "aha" de ma part, histoire de faire croire que je suis tchécophone. Vous avez déjà essayé de suivre une conversation dans une langue dont vous ne comprenez qu'un mot sur trois ? Le truc c'est de hocher la tête en permanence, de rire avec tout le monde, même sans comprendre, et de ponctuer dans ce cas-ci de "Tak!" et "To jo!", soit plus ou moins "ok" "oui oui". Grand moment de solitude s'il en est... En plus le vent avait refroidi mon fromage pané. Il faut vraiment que j'essaye d'en manger ailleurs...