vendredi 13 novembre 2009

Sur les traces de Sissi!

Profitant d'un long week-end de près de 5 jours, je prends mes cliques et mes claques, pas de passeport, vive l'espace Schengen, et des euros, et m'en vais rendre visite au pays de Sissi, de Mozart, de l'ordre et de l'organisation.

Je vais à Vienne quoi.



Plein de nouvelles en rentrant, promis!

dimanche 8 novembre 2009

Czech wars III - Le retour de la Larve

Meredith et Derek se sont mariés. Dexter est épuisé. Julie a failli mourir étranglée. Ted est prof à l'université. Je ne sais pas ce qu'il arrive à Rory, les liens sont morts. Tous mes amis vivent leur vie. Avancent, reculent, piétinent, mais tout de même, vivent leur vie. Et moi, j'aime les regarder, les observer, les disséquer, analyser. Un peu à la House ai-je envie de me vanter. Peu importe qui ils sont. Peu importe qu'ils n'existent pas en vrai. Ils sont reposants. Faciles à côtoyer. Après une journée passée à fouiller internet à la recherche de précieuses informations - comment dit-on chiropracticien en tchèque? et cela existe-t-il ici? est-ce reconnu par la sécu locale? et pour l'aromathérapie? - à ingérer du café non plus par voie orale, mais par intraveineuse, à se concentrer pour comprendre l'accent terrible du professeur équatorien à 19h30, à racheter du papier toilettes à 20h45 parce que là, c'est vraiment la dèche, une séance couch potatoe est la bienvenue.

Il faut vraiment que je ralentisse. Que je me désintoxique. Rien que le week-end, dernier j'ai atteint les bas-fonds. Proche, toujours plus proche de l'overdose. Je dépasse les bornes des limites si vous voyez ce que je veux dire. Il faut que je me calme sur les séries télés. En ce moment, pour que vous saisissiez l'ampleur des dégâts, je suis près de 12 séries télés, sans compter celles que j'ai achevées avec succès. Évidemment, cette ingestion massive de culture, ce gavage de références aussi bêtes que divertissantes est absolument chronophage. Rien que ce week-end, entre vendredi soir et dimanche soir, en comptant bien, j'ai passé plus de 40 heures de suite dans mon lit, n'en sortant que pour manger, et utiliser la salle de bains. Évidemment, j'intègre dans le décompte les heures de sommeil en retard - que j'ai plutôt bien rattrapé, soit dit en passant.

Le problème, c'est qu'à force de regarder tant la télé, j'ai l'impression de vivre dans une sitcom. Triste, non? Ou bien très drôle. Pour être honnête, je ne suis pas encore totalement décidée. Toujours est-il que je me prends pour une star de série tévé.

En descendant du tram, j'effectue un petit pas de deux, tout en faisant un élégant mais ridicule mouvement de tête pour faire virevolter mes cheveux dans le vent. Je vais boire des cafés avec des amis dans des bars branchés toutes les cinq minutes. J'écoute de la musique dans ma chambre et danse seule. J'écoute mon répondeur en rentrant chez moi - celui de mon portable, le français, on ne sait jamais si quelqu'un de France ne sait pas que j'ai émigré vers la Sibérie. Je mange des salades au poulet grillé dans des restaurants hype. Je fête -presque- halloween. J'effectue des transplantations cardiaques sur des courgettes, et des craniotomies d'urgence sur des aubergines. Je vais au théâtre et à des expos photos en sirotant un Smoothie tout frais.


Je vous le dit franchement, sans pudeur aucune, je peux l'assumer.


Je suis devenue une fille branchée.

Bon, pas totalement. J'ai encore quelques progrès à faire. Je ne regarde pas Gossip Girl. Et puis hier, je suis allée manger au Bohemia Bagel de Mala Strana. Vous ne connaissez certainement pas, avant-hier moi non plus, c'est branché. Pleine de l'enthousiasme qui me caractérise lorsque je suis de bonne humeur, j'ai voulu innover. J'ai commandé un burger "sain" au tofu. Mauvaise idée. Le steak de tofu, c'est pas bon. Vraiment pas.

Mais je l'ai mangé. Sans broncher. Ni cesser de lire mon pavé. Je suis une fille branchée que voulez-vous.

Pourvu que j'arrive à faire croire ça aux parisiens l'année prochaine...



Et hop, une petite prise de vue de la place de la vieille ville, Staroměstké náměstí, et de son Eglise St. Nicolas si je ne m'abuse.


Nb: Pour info, la trilogie très auto-centrée et j'adore-me-la-jouer dont cet épisode faisait partie est achevée. Je me concentrerais désormais un peu plus sur l'objet premier de ce blog, à savoir la République Tchèque. En tous cas j'essaierais.


Oh et puis kurva, j'arrive pas à régler ces histoires de police. A force de trifouiller ces messages, ça devient n'importe quoi. Tant pis. Ferais mieux la prochaine fois.

mercredi 4 novembre 2009

Victoire !



Enfin!

Certains n'y croyaient plus, d'autres désespéraient, d'autres encore commençaient à perdre patience...

Enfin. Après moult palabres, caprices et surprises; après de nombreux mois; après avoir épuisé tous les artifices et prétextes possibles; avec beaucoup de mauvaise volonté, Klaus a enfin signé.



Hier, mardi 3 novembre, à 15h, le président de la R.Tchèque Vaclav Klaus a enfin signé le traité de Lisbonne, qu'il refusait de signer, invoquant tous les prétextes possibles pour ce faire.
Klaus n'aime pas l'Europe. Non. C'est faible. Klaus exècre l'Europe. Alors forcément, signer un traité qui renforce l'intégration de l'Ue, c'est pas évident pour lui. Le traité est passé plusieurs fois devant la Cour Constitutionnelle tchèque, qui, ce mardi, a finalement jugé le traité en totale conformité avec la Constitution tchèque. Mais Klaus a aussi réussi à négocier et remporter un opt-out de la Charte des droits fondamentaux, sous prétexte de vouloir éviter de devoir rendre des comptes pour l'expulsion des Allemands des Sudètes en 1945. Il y a aussi eu la lettre de David Cameron, leader du parti conservatiste britannique, demandant à Klaus de retarder la signature jusqu'à sa probable élection au printemps prochain, histoire d'organiser un petit réferendum sur le traité au Royaume-Uni, qui aurait eu peu de chances d'êtres positives.

Raconté comme ça, ça semble simple, mais croyez-moi, il a fait très fort le Klaus. Ici, le gouvernement - si on peut appeler ça un gouvernement, la notion est assez aléatoire ces derniers Justifiertemps dans le pays - s'en arrachait les cheveux. Bruxelles ne prend plus vraiment Prague au sérieux, du moins c'est l'impression qu'on a, vu d'ici. La présidence suédoise de l'UE a sérieusement commençé à s'énerver, de même que nombreux pays européens. Dans le genre tête de mule, on fait difficilement mieux. Mais là, il n'avait plus aucun recours, plus aucune excuse. Alors il a signé. Même si personne ne s'attendait à ce qu'il s'éxécute si rapidement après l'annonce du verdict de la Cour Constitutionnelle tchèque.

Le traité de Lisbonne a enfin été accepté par tous les pays de l'UE. Il entrera définitivement en vigueur le 1er décembre prochain. Un grand succès pour la présidence suédoise, mais avant tout pour l'Europe toute entière.

C'est un grand pas pour l'UE, assurément. Qu'est-ce que ça va changer? Tout d'abord, l'Union va se doter d'un Président permanent du Conseil Européen. Le fameux poste de "Président de l'UE", au mandat renouvelable de deux ans et demi. Si par chance et intelligence, les Présidents et/ou Premiers Ministres de l'UE parviennent à nommer un candidat véritablement compétent à ce poste, l'UE pourrait enfin commencer à avoir une politique extérieure cohérente, une voix unie, et par conséquent un peu plus d'influence sur la diplomatie mondiale. Ce qui ne serait pas du luxe.

Puis, le traité de Lisbonne va élargir les compétences du Parlement Européen, grâce à l'extension de la codécision. Le Parlement, au lieu de n'avoir mot à dire que sur certains dossiers particuliers, sera désormais réellement associé à la quasi-totalité des dossiers législatifs de l'UE. Donc, une Europe plus représentative, plus à l'écoute de ses citoyens.

Je ne vais pas vous faire un topo complet sur le traité, et ce qui va changer dans l'UE. Mais en revanche, je vous conseille très fortement d'aller passer un peu (beaucoup même si possible) de temps sur cette page, qui reprend et complète ce que je viens de dire, de façon certainement plus claire!


Je ne m'étend pas plus sur le sujet, à vous de voir si cela vous intéresse - évidemment que ça vous intéresse n'est-ce pas? Évidemment.

En tous cas, une petite bouffée d'espoir dans un monde décidément bien trop gris et désespérant ces derniers temps...

En espérant vivre assez vieille pour vivre et voir un jour la naissance d'une Europe fédérale...


Oh et puis hoplà, un petit truc pour la route, une trouvaille heureuse, fruit de "europe fédérale" sur google, c'est le destin moi je dis...




dimanche 1 novembre 2009

Czech wars II - L'impératrice de l'univers


Eh oui. Je ne vous l'avais pas encore dit, mais depuis mon dix-neuvième anniversaire, je peux ajouter un nouveau titre à mon palmarès. Après Anaïs-l'hypocondriaque, Anaïs -la -larve-de-canapé - je reviendrais là-dessus, comptez sur moi- Anaïs- j'ai-toujours-raison-et-le-dernier-mot, et Anaïs-la-philosophe-du-dimanche, je suis désormais Anaïs-l'impératrice-de-l'univers. Explication.

Ayant à peu près l'âge mental d'un enfant de 7 ans, un rien m'amuse. Boire un sirop coloré avec une paille. Regarder voler un papillon. Ou un cerf-volant. Marcher seulement sur un pavé sur deux. Et surtout, organiser des soirées déguisées. Ainsi, l'année dernière, pour mes 18 ans, j'ai réussi à faire se déguiser deux promotions de très sérieux sciences-politiciens en stars Bollywoodiennes. Cette année, j'ai tenté l'anniversaire Science-Fiction. Certes, l'expérience à moyennement réussi. Bon, en fait c'était même plutôt raté. Excepté un membre de l'équipage de Star Trek et quelques couronnes et tiares en papier alu, le commun des mortels est resté égal à lui-même. Je dois avouer que mon déguisement d'Impératrice de l'Univers était également un peu tiré par les poils de moustache lui aussi. Bref. Je me suis prise le temps d'une soirée à peine arrosée pour l'Impératrice de l'Univers tout entier. Si fait.

Le problème, si c'en est vraiment un, c'est que depuis, je me plais bien dans le rôle. Même à posteriori.

Le matin, je m'attends à ce qu'un employé quelconque de mon palais vienne faire mon lit. Qu'on s'occupe de ma lessive. De ranger la cuisine. De ranger le frigo. Ces tâches sont l'apanage des manants. J'ai bien mieux à faire. M'occuper de la politique sociale de mon empire par exemple. Quelle est la réglementation locale en matière de cabines UV ? Comment sont organisés les congés parentaux par ici? Quelle politique en matière d'intégration des enfants autistes dans les écoles? Et puis l'emploi. Les pauvres salariés ont-ils de quoi se nourrir? Vous me l'accorderez je l'espère, c'est tout de même bien plus important et prestigieux que les basses tâches domestiques.

Mais je prends aussi des cours pour me préparer à ma future fonction - je dois l'avouer, je ne suis pas encore tout à fait l'Impératrice de l'Univers, je suis encore en phase de préparation à la fonction, je ne vais pas non plus assassiner l'actuelle Impératrice pour accéder plus vite au trône... Ainsi, tous les vendredi matin, je suis assidûment mon cours de protocole. J'y apprends à tenir une fourchette. A piquer. A ramasser. A ne pas utiliser le couteau. A ne pas s'essuyer la bouche avec la serviette. A organiser un dîner. A dresser une table, à placer les assiettes à égale distance du bord de la table grâce à mon précieux millimètre. A écrire au Pape et à son ambassadeur, le Nonce. A serrer une main. Rigolez, rigolez. Un jour, cela finira bien par me servir.

De même, je passe du temps à étudier les systèmes politiques des pays de la petite planète Terre. Celui du Royaume-Uni, des Etats-Unis, ceux d'Amérique Latine - le professeur équatorien, qui dispense son cours en espagnol, et son accent pour le moins étonnant, donne d'ailleurs beaucoup de fil à retordre à mon espagnol ma foi bien rouillé - d'Asie ou du Moyen-Orient. J'ai également eu quelques cours de Droit International Public - DIP pour les intimes et commence une série de cours sur la sociologie des relations internationales. Pour être franche, ne me demandez pas ce que signifie "sociologie des relations internationales", j'étais au cours, mais je n'ai toujours pas saisi. Toujours est-il que, bien que je sois dans une université d'économie, j'ai réussi à ne prendre que des cours qui ne parlent pas d'économie. Très très forte.

Mais depuis mon 19e anniversaire, je me suis aussi rendu compte que je vieillissais. Ayant toujours été la plus jeune partout, un sentiment d'invulnérabilité et de jeunesse éternelle me berçait depuis trop longtemps. Cet anniversaire a été une révélation. J'ai vu l'avenir. Je l'ai pressenti. Je vais bientôt avoir 20 ans. Je ne suis plus une teen-ager pour longtemps. Le temps file. Déjà près d'un mois depuis que mon anniversaire est passé. Que je n'ai pas écrit ici. Ce pour quoi je suis d'ailleurs bien désolée. La faute à la larve qui sommeille en moi. Mais je dévie. Le temps file. Je me sens vieillir tous les jours. Tous les jours, de nouvelles portes, des portes que je n'avais même pas remarqué, se ferment. Alors je fais tout ce que je peux, j'essaye de vivre le plus possible. Mais ça, c'est fatiguant. Effet secondaire du vieillissement sans aucun doute. Parfois, le soir, l'Impératrice de l'Univers est bien lasse.




Au passage, une petite humeur du jour...





jeudi 1 octobre 2009

Czech wars I - Les deux ministres.

Qui a dit que l'année d'Erasmus c'était une grosse blague? Une sorte d'année sabbatique durant laquelle se reposer, prendre des cours qui nous plaisent, respirer un grand coup avant les deux dernières années à Paris. Pas moi en tous cas. C'est vrai, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas plaint de quelque chose. Que je n'avais pas râlé. Ça doit me manquer. Vous aussi ça devait vous manquer. Un petit peu au moins. Profitez-en, je ne sais quand j'aurais le temps de recommencer.


Parce que vous voyez. J'ai un emploi du temps de ministre. Je rigole pas. Vraiment. Non, je ne me rends pas justice. J'ai l'emploi du temps de deux ministres. Plus une grenouille. En parlant de grenouille. En rentrant à la maison ce soir, je marche le long du mur avec plein d'arbres derrières. Je scrute le sol, et toute contente, que vois-je, des noix. Ni une, ni deux, j'en fourre deux ma poche. Mes premières noix tchèques! Je suis donc toute contente, malgré la pluie qui me tombe dessus. Oui, il pleut. Il fait froid. Il y a du vent. Météo pourrie, je ne vous le fais pas dire. Enfin, je suis toute contente d'avoir trouvé des noix. Mais plus loin sur le chemin, toute pleine d'espoir, de cet espoir surprenant, inattendu, prête à ramasser d'autres noix, toutes les noix que la nature m'offrira, mes yeux tombent sur un bébé grenouille écrasé. Oh la déception, vous n'imaginiez pas. Ce n'est pas que j'aime particulièrement les grenouilles. Non, en fait je ne les supporte pas. Elles sont sales, visqueuses, perfides. Mais bon, tant qu'elles me laissent tranquilles, moi aussi. Je ne comprends d'ailleurs pas comment on peut - on c'est vite dit, comment vous pouvez- manger de pareilles choses. Et je ne leur souhaite surtout pas de finir comme ça. C'était vraiment dégueulasse. Vraiment, il n'y a pas d'autre mot. Mon espoir totalement brisé, je continue ma route, moins ingénueusement que jamais. Et là, horreur! je tombe sur une seconde bébé grenouille écrasée! Pouvez-vous le croire?! Moi non. J'ai ramassé deux noix, et deux bébés grenouilles sont morts. Je suis dieu version malédiction. En tous cas, ça m'a grave cassé mon groove.



Je disais que j'ai l'emploi du temps combiné de deux ministres. Certes, un des deux est Fillon, et l'autre Mme. Bachelot - je travaille pour elle, un peu de respect s'impose désormais. Je n'ai pas celui combiné de Sarkozy et Lagarde - ha ha ha. Mais tout de même. L'idée de base, c'est que j'avais peur de m'ennuyer avec seulement 15 h de cours par semaine. Alors j'ai eu la bonne idée de me trouver un stage à mi-temps à l'ambassade de France à Prague. Alors vraiment, c'est sympa. Presque intéressant, un peu rétribué, les gens sont très gentils - ah, internet, quoi de moins personnel, quoi de plus dangereux?. Mais c'est la grosse galère. Je cours de l'ambassade à l'université tous les jours. Alors oui, d'ailleurs, l'ambassade est située sur la même place que le mur John Lennon. Sous le communisme, enfin de la mort de John à 1989, les jeunes venaient ici écrire les paroles des chansons des Beatles, en réaction au gouvernement qui interdisait la musique pop. Il a été nettoyé en 1998, mais depuis, il a repris des couleurs. Je crois que je ne vais pas tarder à y aller stylos et bombes de peinture à la main...



Pour que vous saisissiez bien l'étendue des dégats, je vais vous narrer mon épopée quotidienne. Et pas forcément de façon succinte. Accrochez vos ceintures, le space-ship est sur le départ.

Le matin, lever à 7h. Évidemment, le chauffage de la salle de bains n'est pas programmable. Donc douche, et gros frisson si tôt dans la journée, puisque je vous le rappelle, je vis désormais en Sibérie. Ensuite déjeuner, si nous avons, avec ma chère colocataire, pensé à acheter du pain. Ce qui n'est pas toujours le cas. Donc déjeuner avec ce qui traîne. Puis, je cours à l'ambassade. Pause métro, un peu de lecture, c'est toujours appréciable. Descente du métro, course dans les escalators, qui sont IMMENSES ici. Je n'exagère pas, venez voir, ça vaut le détour. Au moins... 100 mètre de haut. Je n'ai pas le compas dans l'oeil. Je n'ai jamais compris ce que représentait un mètre. Mais figurez-vous quelque chose d'immensément haut. Courir tout en haut, ça fatigue. C'est une course d'obstacles urbains dans toute sa splendeur. Dommage que ça ne fasse pas partie des JO, je pourrais me présenter pour la France. Je cours, non pas par plaisir, mais bien car je suis en retard. J'ai la désagréable impression que je ne pourrais jamais être à l'heure dans cette ville. En même temps, je confirme le cliché sur les français toujours en retard. A tort ou pas. Je trouve tout de même le temps de m'arrêter prendre un café à emporter.

C'est étrange, ce café à la main, je me sens toute-puissante. Intouchable, inarrêtable, presque un cataclysme en action. Hmm. Il faudrait que j'arrête de me prendre pour dieu, ça revient un peu trop souvent ces derniers temps. Si moi j'éprouve ça, imaginez Obama. En plus, il doit avoir des gens qui sont payés juste pour lui faire du café. Barack, c'est super-dieu. Zeus. Je suis un bébé esprit caillou. Ça me va très bien. Mais ce café, grands dieux, ou devrais-je, Grand Obama, c'est la cacahouète de Dingo, l'anti-cryptonite, la gelée de framboise des schtroumpfs. Alors j'arrive toute contente, à la Carry Bradshaw, devant la porte de l'ambassade. Bon, les talons à la Carry, c'est pas trop possible. A Prague, comme dans toutes les villes respectables, nous avons des pavés. Ici, ils sont disjoints. Déjà, ne pas se tordre la cheville c'est dur en ballerines - chaussures plates pour les réfractaires à ELLE -, alors en talons, c'est carrément le slalom géant. Je ne vous raconte pas la totale, je me la pète déjà assez comme ça. Si en plus j'ai un fan-club, ma tête va exploser, et mes chevilles enfler encore plus.



Vers midi, mon ventre grogne. Sauf que j'attends mon amie stagiaire à la mission militaire. Et elle prend sa pause vers 13h30. J'ai faim. J'ai tellement faim que j'ai faim jusque dans la bouche. Vous avez déjà eu faim dans la bouche? C'est très désagréable. Puis on va manger. Quel soulagement la nourriture. Pour un peu, le stage à l'ambassade, c'est presque ramadan tous les jours. Riez autant que vous le voudrez, autant que vous le pourrez, mais je suis presque prête pour le Biafra. Sans dec'. Oh la la je parle mal aujourd'hui. Veuillez m'en excuser. La fatigue. Et puis aussi un peu l'influence de mon maître de stage, qui ne mâche pas ses mots. Ce que j'apprécie beaucoup. Le politiquement correct me hérisse le cheveu. Disons les choses telles qu'elles sont, que Poutine - que diable quoi, version géopolitique mondiale, étant donné que dans ce nouveau plan, Obama était dieu, ce qui évidemment semble trahir un américano-centrisme, mais qui en fait est plus un concours fortuit de circonstances plutôt qu'un dévouement total a Mister president, étant donné que Poutine est quand même très intéressant, je vous ai déjà parlé de Poutine-land? je devrais...




D'ailleurs, la fatigue me guette, je laisse donc un peu de suspense, et la suite au prochain épisode! Sinon ça va commencer à être un peu indigeste non? En même temps, ça peut créer un bon aperçu des effets de la cuisine tchèque sur un estomac pas habitué. C'est bon la cuisine tchèque. Mais c'est lourd... Indigestion au prochain épisode. Et peut-être pas. La magie des trilogies en quatre parties... le suspense est intense jusqu'à la dernière minute...



J'en profite pour vous mettre un échantillon des choses diverses, variées et parfois peu scrupuleuses que j'écoute en ce moment. No comment please.







samedi 26 septembre 2009

Mon ami Albert.

Albert est grand. Albert est organisé. Il est tchèque. Ou bien autrichien. Enfin il est européen, c'est sûr. Ses origines sont un peu floues. Nimbées d'un parfum de mystère. Je ne connais ma foi pas son âge, mais il est assurément majeur. Du moins dans ce pays.

Albert, mon ami Albert, n'est pas imaginaire. Remarquez au passage la formidable aussi bien qu'inutile rime. Que de précautions! Albert est un supermarché.

Hier je suis allée faire des courses avec Marie, ma colocataire issue de Dijon, mais en export direct de Bretagne. Eh bien les supermarchés en Rép. Tchèque, c'est quelque chose. D'abord, le carrefour local s'appelle Albert. Mon Albert. C'est étrange tout de même. Je sais que Super U ou Mammouth (plus de T? moins de M?) c'est plutôt alternatif aussi, mais bon, celui-là, j'ai grandi avec, alors on oublie de questionner. Comme si le simple fait d'exister avant moi lui conférait une absolue supériorité sur moi que je ne saurais contester. Comme si le simple fait d'exister avant moi lui conférait une absolue supériorité sur moi que je ne saurais contester. Allez savoir pourquoi, les parents, ça ne marche jamais comme ça. En même temps, pour commencer à avoir l'idée de contester et de se rebeller contre un supermarché, il faut vraiment être désoeuvrée. Ou un peu jetée. Nos précieux géniteurs, au moins, ils réagissent eux. J'ai déjà essayé d'envoyer balader un supermarché, il ne répond pas. Même pas un "va dans ta chambre". L'insolence lui est indifférente. Seul le profit l'intéresse. Ouf, mes parents sont des humains. Mais une fois de plus, je m'égare.

Je disais que mon supermarché préféré répond au doux nom d'Albert. Albert, mon petit Albert, pour reprendre Anouilh. Comprenne qui pourra.
Albert est grand. La première fois que je suis allée à Albert, j'étais seule, perdue et abandonnée dans cette contrée barbare, en quête désespérée d'une brique de lait. Ayant entendu maintes fois par des étrangers dire qu'en France on ne buvait pas le bon lait, le bon lait étant le lait frais, l'idée me vient de mettre à profit mon séjour pour tester les excentricités locales. Du lait frais. Je n'en avais jamais goûté jusqu'à présent. Le lait de bufflone, pas de soucis. Vient même de me revenir un obscur souvenir d'une excursion de maternelle dans une ferme, où l'on m'a fait goûter du lait de chèvre tout frais trait. Hmm. C'est peut-être de là que vient mon aversion profonde pour les choses de la nature. Je vais écrire à Darcos. Quoique. Vu le grand plaisir avec lequel le gouvernement joue aux chaises musicales, ça ne doit plus être Darcos le ministre de l'Education nationale. Peu importe. L'Education Nationale m'a traumatisée. A moi la France!

Tout ça pour dire que le lait ne m'a pas laissé un souvenir impérissable, et ce dans la version optimiste de l'expression.

Du lait de vache frais, étrange et émerveillement, non? Emplie de courage et d'audace, de ce courage et de cette audace qui n'appartiennent qu'à la jeunesse, je tente l'expérience. Ce n'est qu'une fois rentrée, et impatiente de déguster une gorgée de lait fermier tchèque, que je prends conscience de ma méprise. La jolie bouteille avec une jolie vache imprimée dessus, jolie vache qui broute de l'herbe très appétissante dans un joli champ tchèque, ne contient pas du lait, mais une sorte de compromis entre du yaourt acide et du petit lait, et définitivement incompatible avec du chocolat en poudre. Je vous assure, j'ai essayé, c'est pire que du Smecta.

Mais le lait n'est pas la seule aventure qu'Albert m'a réservée jusqu'à présent. Albert est grand, mais Albert est étrange. Par exemple, à Albert, vous ne trouverez pas de clous. Ni de marteau. Il vous propose un assortiment assez phénoménal de vis, de perceuses, de câbles électriques, et autres bidules servant à bricoler ou à construire des maisons, mais de simples, bêtes clous, vous pouvez toujours chercher. Ce que j'ai fait. Alors bon, évidemment, je ne connais pas le mot tchèque pour clou. Mais je sais me faire comprendre. Les employés (absents) du magasin, n'ont pas pu me renseigner. Au final, j'ai acheté des bouts de métal ressemblant à des rivets.

Mais, sans l'aide d'un marteau, ce n'est pas partie facile. J'ai d'abord essayé avec un objet contondant non identifié trouvé dans les affaires de mon futur colocataire russe. Sans succès. Je n'ai réussi qu'à faire un trou dans la peinture du mur. Puis, l'idée m'est venue d'utiliser une casserole. Je n'affabule pas, j'ai essayé avec une casserole. Mais cette fois non plus, le résultat n'était pas flagrant. J'ai agrandi les trous dans le mur, sans pourtant avoir enfoncé le maudit rivet dans le mur. Puis, mon colocataire actuel, un autrichien-grec, m'a suggéré d'utiliser une chaussure. Mais l'idée de taper comme une demeurée sur des rivets avec mes talons aiguilles m'a immédiatement apeurée. "Mais non, mais je parle d'une chaussure avec une semelle épaisse". Ah. Oui, mais je n'en ai pas. Au final, j'ai trouvé un morceau de caddie - oui, oui, un morceau de caddie, celui où on met la pièce pour le libérer - dans un placard chez moi. C'était parfait. J'ai enfin pu accrocher mes cadres. Le destin est parfois impénétrable.

Mais les clous et les marteaux ne sont pas les seuls produits introuvables dans ce pays. Les potatoes de McDo n'ont pas encore frayé leur chemin jusqu'ici ai-je ouï dire. De même, la patafix voit toute sa glorieuse existence à l'étranger remise en question par sa totale absence des papeteries tchèques. Ma colocataire, bretonne, quant à elle, ne se lasse pas de râler. Il n'y a pas de farine de sarrasin ici. Comment faire les crêpes sans farine de sarrasin?! A propos de la farine, d'ailleurs, il y a ici une variété surprenante de farines. Vous aviez déjà vu de la farine en grains vous? Moi non. Mais il m'a quand même fallu quatre essais pour trouver la bonne farine, celle en poudre. Et les éponges ici. Un drame national.

Mon ami Albert est bien achalandé. Mais mon ami Albert n'est pas tout à fait complet, du moins pour un caddie français. Heureusement qu'il y a mon ami suédois, heureusement qu'il y a Ikea.




Comme je ne vais pas vous montrer des photos de mon supermarché préféré, voici un petit aperçu de ce qu'on peut voir si on se balade à pied à Prague, tout à fait au hasard, au détour heureux d'une rue, au coin d'une avenue, en levant un œil, en tournant la tête...



Détail d'un immeuble sur Masarykovo nábřeží (le quai Masaryk).



Národní Divadlo, le théâtre national.



Vue de Prague depuis la colline de Letna, où se tenait l'immense Statue de Staline avant qu'elle ne soit détruite en 1962 lors de la déstalinisation.



Un immeuble, je ne sais pas lequel, je ne sais plus où. Il doit être entre Národní třida (avenue nationale) et Žofín (une petite île sur la Vlatava où est la gallerie MANES). A moins qu'il ne soit sur vers Karlovo náměstí (Place Charles). Peu importe. Je l'aime bien.

jeudi 17 septembre 2009

Pražský hrad

Au passage, deux prises de vues du magnifique château de Prague et de sa cathédrale, Saint-Guy... La Vltava en moins, on a la même vue du haut des bâtiment de mon université.




Et promis, je vais bientôt aller faire du pédalo sur la Vltava, surtout celui en forme de cygne...
Hubert B. de la B. serait fier de moi...