Qui a dit que l'année d'Erasmus c'était une grosse blague? Une sorte d'année sabbatique durant laquelle se reposer, prendre des cours qui nous plaisent, respirer un grand coup avant les deux dernières années à Paris. Pas moi en tous cas. C'est vrai, ça faisait longtemps que je ne m'étais pas plaint de quelque chose. Que je n'avais pas râlé. Ça doit me manquer. Vous aussi ça devait vous manquer. Un petit peu au moins. Profitez-en, je ne sais quand j'aurais le temps de recommencer.
Je disais que j'ai l'emploi du temps combiné de deux ministres. Certes, un des deux est Fillon, et l'autre Mme. Bachelot - je travaille pour elle, un peu de respect s'impose désormais. Je n'ai pas celui combiné de Sarkozy et Lagarde - ha ha ha. Mais tout de même. L'idée de base, c'est que j'avais peur de m'ennuyer avec seulement 15 h de cours par semaine. Alors j'ai eu la bonne idée de me trouver un stage à mi-temps à l'ambassade de France à Prague. Alors vraiment, c'est sympa. Presque intéressant, un peu rétribué, les gens sont très gentils - ah, internet, quoi de moins personnel, quoi de plus dangereux?. Mais c'est la grosse galère. Je cours de l'ambassade à l'université tous les jours. Alors oui, d'ailleurs, l'ambassade est située sur la même place que le mur John Lennon. Sous le communisme, enfin de la mort de John à 1989, les jeunes venaient ici écrire les paroles des chansons des Beatles, en réaction au gouvernement qui interdisait la musique pop. Il a été nettoyé en 1998, mais depuis, il a repris des couleurs. Je crois que je ne vais pas tarder à y aller stylos et bombes de peinture à la main...
Pour que vous saisissiez bien l'étendue des dégats, je vais vous narrer mon épopée quotidienne. Et pas forcément de façon succinte. Accrochez vos ceintures, le space-ship est sur le départ.
Le matin, lever à 7h. Évidemment, le chauffage de la salle de bains n'est pas programmable. Donc douche, et gros frisson si tôt dans la journée, puisque je vous le rappelle, je vis désormais en Sibérie. Ensuite déjeuner, si nous avons, avec ma chère colocataire, pensé à acheter du pain. Ce qui n'est pas toujours le cas. Donc déjeuner avec ce qui traîne. Puis, je cours à l'ambassade. Pause métro, un peu de lecture, c'est toujours appréciable. Descente du métro, course dans les escalators, qui sont IMMENSES ici. Je n'exagère pas, venez voir, ça vaut le détour. Au moins... 100 mètre de haut. Je n'ai pas le compas dans l'oeil. Je n'ai jamais compris ce que représentait un mètre. Mais figurez-vous quelque chose d'immensément haut. Courir tout en haut, ça fatigue. C'est une course d'obstacles urbains dans toute sa splendeur. Dommage que ça ne fasse pas partie des JO, je pourrais me présenter pour la France. Je cours, non pas par plaisir, mais bien car je suis en retard. J'ai la désagréable impression que je ne pourrais jamais être à l'heure dans cette ville. En même temps, je confirme le cliché sur les français toujours en retard. A tort ou pas. Je trouve tout de même le temps de m'arrêter prendre un café à emporter.
C'est étrange, ce café à la main, je me sens toute-puissante. Intouchable, inarrêtable, presque un cataclysme en action. Hmm. Il faudrait que j'arrête de me prendre pour dieu, ça revient un peu trop souvent ces derniers temps. Si moi j'éprouve ça, imaginez Obama. En plus, il doit avoir des gens qui sont payés juste pour lui faire du café. Barack, c'est super-dieu. Zeus. Je suis un bébé esprit caillou. Ça me va très bien. Mais ce café, grands dieux, ou devrais-je, Grand Obama, c'est la cacahouète de Dingo, l'anti-cryptonite, la gelée de framboise des schtroumpfs. Alors j'arrive toute contente, à la Carry Bradshaw, devant la porte de l'ambassade. Bon, les talons à la Carry, c'est pas trop possible. A Prague, comme dans toutes les villes respectables, nous avons des pavés. Ici, ils sont disjoints. Déjà, ne pas se tordre la cheville c'est dur en ballerines - chaussures plates pour les réfractaires à ELLE -, alors en talons, c'est carrément le slalom géant. Je ne vous raconte pas la totale, je me la pète déjà assez comme ça. Si en plus j'ai un fan-club, ma tête va exploser, et mes chevilles enfler encore plus.
Vers midi, mon ventre grogne. Sauf que j'attends mon amie stagiaire à la mission militaire. Et elle prend sa pause vers 13h30. J'ai faim. J'ai tellement faim que j'ai faim jusque dans la bouche. Vous avez déjà eu faim dans la bouche? C'est très désagréable. Puis on va manger. Quel soulagement la nourriture. Pour un peu, le stage à l'ambassade, c'est presque ramadan tous les jours. Riez autant que vous le voudrez, autant que vous le pourrez, mais je suis presque prête pour le Biafra. Sans dec'. Oh la la je parle mal aujourd'hui. Veuillez m'en excuser. La fatigue. Et puis aussi un peu l'influence de mon maître de stage, qui ne mâche pas ses mots. Ce que j'apprécie beaucoup. Le politiquement correct me hérisse le cheveu. Disons les choses telles qu'elles sont, que Poutine - que diable quoi, version géopolitique mondiale, étant donné que dans ce nouveau plan, Obama était dieu, ce qui évidemment semble trahir un américano-centrisme, mais qui en fait est plus un concours fortuit de circonstances plutôt qu'un dévouement total a Mister president, étant donné que Poutine est quand même très intéressant, je vous ai déjà parlé de Poutine-land? je devrais...
D'ailleurs, la fatigue me guette, je laisse donc un peu de suspense, et la suite au prochain épisode! Sinon ça va commencer à être un peu indigeste non? En même temps, ça peut créer un bon aperçu des effets de la cuisine tchèque sur un estomac pas habitué. C'est bon la cuisine tchèque. Mais c'est lourd... Indigestion au prochain épisode. Et peut-être pas. La magie des trilogies en quatre parties... le suspense est intense jusqu'à la dernière minute...
J'en profite pour vous mettre un échantillon des choses diverses, variées et parfois peu scrupuleuses que j'écoute en ce moment. No comment please.
Parce que vous voyez. J'ai un emploi du temps de ministre. Je rigole pas. Vraiment. Non, je ne me rends pas justice. J'ai l'emploi du temps de deux ministres. Plus une grenouille. En parlant de grenouille. En rentrant à la maison ce soir, je marche le long du mur avec plein d'arbres derrières. Je scrute le sol, et toute contente, que vois-je, des noix. Ni une, ni deux, j'en fourre deux ma poche. Mes premières noix tchèques! Je suis donc toute contente, malgré la pluie qui me tombe dessus. Oui, il pleut. Il fait froid. Il y a du vent. Météo pourrie, je ne vous le fais pas dire. Enfin, je suis toute contente d'avoir trouvé des noix. Mais plus loin sur le chemin, toute pleine d'espoir, de cet espoir surprenant, inattendu, prête à ramasser d'autres noix, toutes les noix que la nature m'offrira, mes yeux tombent sur un bébé grenouille écrasé. Oh la déception, vous n'imaginiez pas. Ce n'est pas que j'aime particulièrement les grenouilles. Non, en fait je ne les supporte pas. Elles sont sales, visqueuses, perfides. Mais bon, tant qu'elles me laissent tranquilles, moi aussi. Je ne comprends d'ailleurs pas comment on peut - on c'est vite dit, comment vous pouvez- manger de pareilles choses. Et je ne leur souhaite surtout pas de finir comme ça. C'était vraiment dégueulasse. Vraiment, il n'y a pas d'autre mot. Mon espoir totalement brisé, je continue ma route, moins ingénueusement que jamais. Et là, horreur! je tombe sur une seconde bébé grenouille écrasée! Pouvez-vous le croire?! Moi non. J'ai ramassé deux noix, et deux bébés grenouilles sont morts. Je suis dieu version malédiction. En tous cas, ça m'a grave cassé mon groove.
Je disais que j'ai l'emploi du temps combiné de deux ministres. Certes, un des deux est Fillon, et l'autre Mme. Bachelot - je travaille pour elle, un peu de respect s'impose désormais. Je n'ai pas celui combiné de Sarkozy et Lagarde - ha ha ha. Mais tout de même. L'idée de base, c'est que j'avais peur de m'ennuyer avec seulement 15 h de cours par semaine. Alors j'ai eu la bonne idée de me trouver un stage à mi-temps à l'ambassade de France à Prague. Alors vraiment, c'est sympa. Presque intéressant, un peu rétribué, les gens sont très gentils - ah, internet, quoi de moins personnel, quoi de plus dangereux?. Mais c'est la grosse galère. Je cours de l'ambassade à l'université tous les jours. Alors oui, d'ailleurs, l'ambassade est située sur la même place que le mur John Lennon. Sous le communisme, enfin de la mort de John à 1989, les jeunes venaient ici écrire les paroles des chansons des Beatles, en réaction au gouvernement qui interdisait la musique pop. Il a été nettoyé en 1998, mais depuis, il a repris des couleurs. Je crois que je ne vais pas tarder à y aller stylos et bombes de peinture à la main...
Pour que vous saisissiez bien l'étendue des dégats, je vais vous narrer mon épopée quotidienne. Et pas forcément de façon succinte. Accrochez vos ceintures, le space-ship est sur le départ.
Le matin, lever à 7h. Évidemment, le chauffage de la salle de bains n'est pas programmable. Donc douche, et gros frisson si tôt dans la journée, puisque je vous le rappelle, je vis désormais en Sibérie. Ensuite déjeuner, si nous avons, avec ma chère colocataire, pensé à acheter du pain. Ce qui n'est pas toujours le cas. Donc déjeuner avec ce qui traîne. Puis, je cours à l'ambassade. Pause métro, un peu de lecture, c'est toujours appréciable. Descente du métro, course dans les escalators, qui sont IMMENSES ici. Je n'exagère pas, venez voir, ça vaut le détour. Au moins... 100 mètre de haut. Je n'ai pas le compas dans l'oeil. Je n'ai jamais compris ce que représentait un mètre. Mais figurez-vous quelque chose d'immensément haut. Courir tout en haut, ça fatigue. C'est une course d'obstacles urbains dans toute sa splendeur. Dommage que ça ne fasse pas partie des JO, je pourrais me présenter pour la France. Je cours, non pas par plaisir, mais bien car je suis en retard. J'ai la désagréable impression que je ne pourrais jamais être à l'heure dans cette ville. En même temps, je confirme le cliché sur les français toujours en retard. A tort ou pas. Je trouve tout de même le temps de m'arrêter prendre un café à emporter.
C'est étrange, ce café à la main, je me sens toute-puissante. Intouchable, inarrêtable, presque un cataclysme en action. Hmm. Il faudrait que j'arrête de me prendre pour dieu, ça revient un peu trop souvent ces derniers temps. Si moi j'éprouve ça, imaginez Obama. En plus, il doit avoir des gens qui sont payés juste pour lui faire du café. Barack, c'est super-dieu. Zeus. Je suis un bébé esprit caillou. Ça me va très bien. Mais ce café, grands dieux, ou devrais-je, Grand Obama, c'est la cacahouète de Dingo, l'anti-cryptonite, la gelée de framboise des schtroumpfs. Alors j'arrive toute contente, à la Carry Bradshaw, devant la porte de l'ambassade. Bon, les talons à la Carry, c'est pas trop possible. A Prague, comme dans toutes les villes respectables, nous avons des pavés. Ici, ils sont disjoints. Déjà, ne pas se tordre la cheville c'est dur en ballerines - chaussures plates pour les réfractaires à ELLE -, alors en talons, c'est carrément le slalom géant. Je ne vous raconte pas la totale, je me la pète déjà assez comme ça. Si en plus j'ai un fan-club, ma tête va exploser, et mes chevilles enfler encore plus.
Vers midi, mon ventre grogne. Sauf que j'attends mon amie stagiaire à la mission militaire. Et elle prend sa pause vers 13h30. J'ai faim. J'ai tellement faim que j'ai faim jusque dans la bouche. Vous avez déjà eu faim dans la bouche? C'est très désagréable. Puis on va manger. Quel soulagement la nourriture. Pour un peu, le stage à l'ambassade, c'est presque ramadan tous les jours. Riez autant que vous le voudrez, autant que vous le pourrez, mais je suis presque prête pour le Biafra. Sans dec'. Oh la la je parle mal aujourd'hui. Veuillez m'en excuser. La fatigue. Et puis aussi un peu l'influence de mon maître de stage, qui ne mâche pas ses mots. Ce que j'apprécie beaucoup. Le politiquement correct me hérisse le cheveu. Disons les choses telles qu'elles sont, que Poutine - que diable quoi, version géopolitique mondiale, étant donné que dans ce nouveau plan, Obama était dieu, ce qui évidemment semble trahir un américano-centrisme, mais qui en fait est plus un concours fortuit de circonstances plutôt qu'un dévouement total a Mister president, étant donné que Poutine est quand même très intéressant, je vous ai déjà parlé de Poutine-land? je devrais...
D'ailleurs, la fatigue me guette, je laisse donc un peu de suspense, et la suite au prochain épisode! Sinon ça va commencer à être un peu indigeste non? En même temps, ça peut créer un bon aperçu des effets de la cuisine tchèque sur un estomac pas habitué. C'est bon la cuisine tchèque. Mais c'est lourd... Indigestion au prochain épisode. Et peut-être pas. La magie des trilogies en quatre parties... le suspense est intense jusqu'à la dernière minute...
J'en profite pour vous mettre un échantillon des choses diverses, variées et parfois peu scrupuleuses que j'écoute en ce moment. No comment please.